Colloque sur la laïcité avec Eddy Khaldi

Eddy Khaldi : Main basse sur l’école publique

Eddy Khaldi nous a fait le plaisir de participer à notre colloque sur la laïcité et y a présenté son ouvrage Main basse sur l'école publique. 

Pas de laïcité sans la finalité du « commun », du « laos » c’est-à-dire de l’unité indivise du peuple permise par la séparation du domaine public et de la sphère privée. Comment dès lors justifier, au nom d’une pseudo-paix scolaire, que « la République joue contre son camp » selon l’expression d’Eddy Khaldi venu présenter les atteintes à la laïcité de l’enseignement ? Comment justifier que la puissance publique finance des écoles qui justifient leur « raison » d’être par une option confessionnelle particulière et qu’ainsi l’argent de tous aille à l’école de quelques-uns ?

Et là encore, plus de « tabous » : on se lâche dans les mots et dans les actes ! Si Emmanuelle Mignon souhaitait privatiser totalement l’Education nationale, les propos tenus par X.Darcos le 14/02/2008 témoignent de la même logique communautariste : « l’enseignement privé a fait la preuve de sa capacité à accueillir des publics très divers, y compris des élèves en difficulté et à leur proposer une pédagogie et un encadrement leur permettant de renouer avec la réussite scolaire, leur savoir-faire reste trop souvent aux portes de la banlieue parce que nous refusons de leur donner les moyens permettant de répondre à la demande. Je suis le ministre de toutes les formes d’enseignement et je veux offrir aux familles la même liberté de choix que celles dont disposent les familles des centres urbains ». Tout est dit : occultation de la nature  confessionnelle, banalisation d’une logique communautariste sans parler de la négation d’une discrimination sociale (le public accueille 26,7 % de boursiers, le privé 11,7%).  Et Fadela Amara d’annoncer dans son plan espoir banlieue la création de 5000 postes pour ouvrir 50 classes dans les écoles privées en banlieue mais cela a un coût et donc on supprime plus de 11000 postes dans le public : l’effet vase communiquant de la « parité » privé –public ! Un renversement des moyens et des valeurs …

La République française continue de jouer et de  marquer contre son camp : « grâce »  à la loi Carle présentée le 29/09 à l’Assemblée nationale, les familles auront la possibilité d’inscrire leur enfant dans l’école privée d’une autre commune et la commune de résidence (donc l’ensemble des citoyens) devra payer pour l’exercice de cette pseudo-  liberté. La loi Debré de 1959, loin d’être abrogée, est renforcée ! Que dire alors de la reconnaissance d’utilité publique accordée par l’Etat à la fondation Saint-Mathieu qui autorise la défiscalisation des dons à hauteur de 75 % pour ceux qui paient l’ISF jusqu’à 50000 euros/ an, de 60% pour les particuliers et 66% pour les entreprises sinon qu’elle contribue à faire passer de l’idéal au réel l’option idéologique partagée par Ph de Villiers et N.Sarkozy.